Hugo Mercier, chercheur au laboratoire sur le langage, le cerveau et la cognition (L2C2).
CNRS université de Lyon1 – Institut des sciences cognitives.
Il définit en premier temps le raisonnement qu’il l’oppose à l’intuition en s’appuyant sur des exemples de la vie de tous les jours :
« Quand on sort et scrute le ciel en voyant des nuages, on a l’intuition qu’il va pleuvoir. »
Cette intuition n’est fondée que sur un sentiment. Puis il cite une phrase de Descartes :
« Le raisonnement aide le raisonneur solitaire à prendre de meilleures croyances et décisions….. ».
Le raisonnement cherche des raisons pour prouver que notre intuition est bonne. « Cela s’appelle le biais de confirmation. »
Alors comment faire pour que les gens raisonnent mieux ?
2 chercheurs ont proposé à de jeunes étudiants un jeu avec de cartes. Nous faisons l’impasse sur le problème à résoudre. Résultats de cette expérience :
Taux de réussite pour des étudiants seuls : 18%.
Taux de réussite en groupe : 80%.
Comment cela se fait ? Pourquoi on raisonne mieux en groupe plutôt qu’ individuellement ?
Le facteur du raisonnement à une communication plus active.
En groupe il faut :
produire des arguments pour convaincre les autres.
évaluer les arguments des autres, ajuster et affiner les siennes (l’effet feed back).
confronter les points de vue.
convaincre : (quand je convaincs quelqu’un, j’évalue ces arguments).
Au fil de la discussion au sein du groupe, les meilleurs arguments l’emportent.
Pour qu’un groupe parvienne à la bonne réponse, la présence initiale d’un élève ayant résolu le problème est-elle nécessaire ?
Pas nécessairement car :
les discussions permettent d’éliminer leurs mauvaises réponses de tous les élèves du groupe et d’en chercher des nouvelles.
Par contre si la solution n’est pas accessible, ils ne la découvriront pas plus en groupe qu’individuellement. L’aide du professeur est donc indispensable.
Conclusion :
Le temps de recherche individuelle dans le groupe au début de la démarche d’investigation est indispensable pour que tous les élèves (quelques soient leurs résultats scolaires) réfléchissent à ce qu’appelle Dominique ROJAT (IGEN SVT) : « la définition de la stratégie de recherche « comment va-t-on faire pour chercher ? ».*
Ce temps permet de valoriser les élèves en difficultés qui prennent le temps de réfléchir…et donc de faire valoir leur point de vue. C’est un des facteurs de réussite dans ces résultats scolaires.
Et comme l’a souligné une Inspectrice en mathématiques de l’académie de Montpellier qui également a travaillé sur ce sujet : ce temps de recherche individuelle est indispensable. Tous les élèves doivent être encouragés pour donner leur point de vue.
Enfin le nombre d’élèves par groupe doit être compris entre 4 et 5. Il ne doit pas dépasser au delà 5 pour éviter qu’il se "décloisonne" en sous-groupes.
* Guide de découverte p.63
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